REPENTANCE OU JUSTIFICATION

« O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus ».

« O Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur ».

Voici ci-dessus la prière de deux personnes, montées au temple, pour prier le Seigneur.

Une ‘‘belle’’ prière de louange, d’action de grâce. Quoi de plus normal pour un croyant fasse au bienfait de l’Eternel. Le Dieu de gloire siégeant dans la louange -et y manifestant toute sa plénitude-, son peuple se doit d’être une armée de louange. Dieu Saint qui appelle donc son peuple à la vérité, la justice, à la sainteté.

A l’opposé, une prière d’abaissement, de demande de secours, de pardon. Une personne meurtrie d’être coupée de son Dieu dont il a la crainte.

Et Christ nous verra une révélation de taille : « Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l'autre. Car quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé ».

Paradoxe dira-t-on. A la lecture de la prière de la première personne, le pharisien, tout bon chrétien aimerait bien mener sa vie chrétienne ainsi. Pourtant le maître-le Christ- nous amène à adopter un tout autre comportement devant Dieu; avoir le comportement des tout petits.

Ce passage nous amène à réfléchir sur le rejet de Saül comme roi à la faveur de David qui fut un roi selon le cœur de Dieu. Saül n’a pas exterminé le peuple d’Amaleq comme Dieu le lui a demandé. David, lui, a commis l’adultère et a tué son rival.

Voyons de plus près le comportement des deux rois. Dieu, pour régler un vieux différend avec Amaleq (Ex 17.1-14), demande à Saül d’aller à l’attaque de ce dernier et l’exterminer (1 Sm 15.1-3). Saül attaque Amaleq de qui il triomphe mais se garde de finaliser la mission : il laisse en vie le roi et le beau troupeau. Il irrite ainsi le Seigneur par sa désobéissance et prend sur lui de se justifier (1 Sm 15.20-21) au lieu de se repentir. Il boucle ainsi la boucle car Dieu s’était déjà repenti de l’avoir pour roi de son peuple du fait de sa désobéissance. Il rejoint ainsi ses (nos) ancêtres Adam et Eve qui n’ont pas trouvé mieux à faire que de culpabiliser Dieu après leur chute (Gn 3.12-13) ; d’où la sentence de Dieu : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon.

Il dit à la femme: J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi.  

Il dit à l'homme: Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre: Tu n'en mangeras point! Le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie ».

A la différence de Saül, le roi David a commis l’adultère et tué son prochain. Quelle abomination ! Mais au reproche du prophète Nathan, le roi David a été meurtri en son âme pour avoir commis cette infamie ; ce qui le conduit à composer le célèbre psaume de repentance : Ps 51. Lui, n’a pas cherché à justifier son péché mais l’a confessé au Seigneur et demandé sa miséricorde.

La deuxième personne, le collecteur d’impôts, qui implorait la miséricorde de Dieu a compris comme David qu’il n’y a que Dieu qui justifie quand nous nous repentons sincèrement. Il comprenait déjà St Paul qui dira plus tard que : « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu mais sont gracieusement justifiés en vertu de la délivrance accomplie en Jésus Christ ».

Chrétien que je suis, est-ce que je sais m’humilier devant la face du Seigneur pour implorer sa miséricorde ? Est-ce que je ne rentre pas en conflit de justification avec Dieu quand je pèche ? Est-ce que je suis sincère dans ma repentance ? Est-ce que quand je vais à la confession, je ne fais pas comme Adam et Eve ou comme Saül ? Est qu'à l'image du pharisien, je me crois pas trop parfait, trop saint, blanc comme neige au point de ne pas voir les ténèbres de ma vie et de ne pas approcher le sacrement de reconciliation?

Que l’Esprit qui a fondu sur David pour le consacrer et faire de lui un roi selon le cœur de Dieu, fonde sur toi et te donne d’être un chrétien humble, qui ne se justifie pas mais qui, dans son abaissement, se laisse justifier par Jésus Christ.